Ma première chronique littéraire qui commence avec un roman que j’ai adoré qui s’approche du chef d’œuvre pour moi.
La promesse de l’aube de Romain Gary
Note : 9/10
Résumé : «- Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D’Annunzio, Ambassadeur de France – tous ces voyous ne savent pas qui tu es ! Je crois que jamais un fils n’a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là. Mais, alors que j’essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu’elle me compromettait irrémédiablement aux yeux de l’Armée de l’Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j’entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports : – Alors, tu as honte de ta vieille mère ?»
Avis
Déjà pour moi le résumé ne nous apprend pas grand chose sur ce que contiennent les pages de ce livre.
Mon propre résumé (sans dévoiler le livre) : c’est l’autobiographie de Romain Gary, dans laquelle il dresse le portrait de sa mère et de la relation qu’il avait avec elle. Elle a placé tous ses espoirs dans l’avenir de son fils pour vivre une vie qu’elle n’avait pas eue par substitution. Son amour pour son fils est inconditionnel voire étouffant parfois pour celui-ci. Elle lui a prévu un avenir et il est hors de question qu’il y déroge et Romain Gary est en total accord avec ça. Donc on suit leur vie sur plusieurs années voire décennie. On voit comment en travaillant ensemble ils vont essayer de faire en sorte que Romain Gary atteigne le dessein que sa mère s’est imaginé pour lui.
Pour ce qui est de l’histoire nous nous baladons en Europe et en France. Une France idéalisée par les yeux de la mère de Romain Gary. L’auteur voit que cette France dépeint par sa mère n’est pas forcément celle où ils sont venus habiter, mais malgré tout il fera tout pour que sa mère conserve cette vision-là.
Nous découvrons au travers des pages les débuts de cet auteur qui recevra 2 fois le prix Goncourt. Cette vie qui n’a pas été clémente avec lui, où il a dû se battre pour son honneur et sa vie.
Mais ce qui est au cœur du livre c’est bien ses rapports avec sa mère. Une mère qu’il aime autant qu’il la déteste parfois mais qui sera toujours là pour lui. Le personnage de sa mère n’est pas une marâtre qui déteste son fils, au contraire. Elle affronte vents et marais pour que son fils ait tout ce dont il a besoin quitte à se priver elle. Je crois que dans ma vie de lectrice et de femme sur terre, je n’ai jamais vu un tel amour porter à quelqu’un.
On y voit aussi un fils qui a peur de décevoir sa mère. Tout le livre il fait en sorte que sa mère soit fière de lui en remportant des compétitions sportives, en écrivant, en allant jusqu’à s’engager dans l’armée et aller au front lors de la Seconde Guerre Mondiale. Sa mère a su transmettre sa ténacité et ses valeurs fortes à son fils, ce qui fait qu’il se bat tout le long du livre pour réussir et qu’il ne baisse jamais les bras.
Aujourd’hui encore sa volonté et son courage continuent à m’habiter et me rendent la vie bien difficile, me défendant de désespérer.
À la fin du livre lorsque Romain Gary est séparé de sa mère par la guerre, la figure de sa mère prend une autre forme. Elle devient sa conscience qui le pousse à réagir d’une certaine face à certains dilemmes. On peut y voir un dédoublement de personnalité, il dit lui-même qu’il y a un combat pour pas qu’elle ne prenne le contrôle, comme si elle était enfermée avec lui dans sa tête. De plus il la considère comme sa bonne étoile, son destin. Des fois il attend simplement qu’elle lui envoie un signe, qu’elle lui vienne en aide.
Le livre trouve une fin dont on s’attendait plus ou moins et clos ce chapitre de la vie de Romain Gary. En finissant de cette manière ça ne clôt pas la vie de Romain Gary mais plutôt sa relation avec sa mère et la vie de sa mère. Ce livre était vraiment écrit pour elle à sa gloire.
Pour ce qui est de l’écriture de Romain Gary. On est sur une écriture fluide avec un langage presque soutenu. Il se devait d’écrire comme les grands écrivains que sa mère adorait et prenait pour exemple. Cependant il n’y a aucune difficulté à le lire, c’est extrêmement bien écrit. Certes il y a parfois des passages un peu trop longs, avec des phrases un peu trop longues mais la plupart du temps ça passe bien, on ne s’en rend pas compte.
Ce que j’ai aussi apprécié c’est les analyses qu’il fait sur des idées, des faits qu’il raccroche à son histoire. À un moment il fait une critique de la psychanalyse sur 4 pages, j’ai adoré ce moment.
Une fille qui se fait payer pour ouvrir ses cuisses au peuple me parait une sœur de charité et une honnête dispensatrice de bon pain lorsqu’on compare sa modeste vénalité à la prostitution des savants pénétrant leur cerveaux à l’élaboration de l’empoisonnement génétique et de la terreur atomique.
Le seul point négatif pour moi c’est que le livre est découpé en 3 parties. J’ai adoré les 2 premières parties, mais la 3e j’ai eu beaucoup beaucoup de mal. Il y parle beaucoup d’aviation étant dans l’armée de l’air pendant la Seconde Guerre Mondiale. Je ne sais pas je n’étais pas du tout dedans. Je trouvais des passages vraiment longs. Je n’ai pas énormément apprécié la fin du livre malheureusement.
Cependant ça reste pour moi un chef-d’oeuvre et un livre a avoir lu au mois une fois dans sa vie c’est essentiel ! C’est très rare que je dise ça d’un livre, mais je le conseille à 100%.
Je vais me laisser tenter par l’adaptation cinématographique avec Pierre Niney et Charlotte Gainsbourg, j’espère ne pas en être déçue !
Je vous laisse avec quelques citations noté au fur et à mesure de ma lecture :
Ce fut sans doute ce jour-là que je suis né en tant qu’artiste ; par ce suprême échec que l’art est toujours, l’homme, éternel tricheur de lui-même, essaye de faire passer pour une réponse ce qui est condamné à demeurer comme une tragique interpellation.
Jusqu’à ce que la création littéraire devînt pour moi ce qu’elle est toujours, à ses grands moments d’authenticité, une feinte pour tenter d’échapper à l’intolérable, une façon de rendre l’âme pour demeurer vivant.
Je m’efforçais de me débarrasser d’elle, de son amour envahissant, de l’accablant poids de sa tendresse
J’espère que cette première chronique vous a plu. Moi en tout cas j’ai pris beaucoup de plaisir à la faire ! Beaucoup d’autres viendront, enfin je le souhaite !